Barbara Fredrickson, Professeure de psychologie et de neurosciences à l’Université de Caroline du Nord, a consacré toute sa carrière à l’étude des émotions, spécifiquement des émotions positives et leurs multiples bienfaits dans tous les aspects de notre vie, personnelle et professionnelle. Cette remarquable chercheuse est aussi directrice du laboratoire Emotions Positives et Psychophysiologie (PEP Lab) de l’université de Caroline du Nord et est une des principales figures de la Psychologie Positive, c’est pourquoi nous suivons régulièrement ses travaux dans ce qu’ils apportent au bien-être humain et sociétal. C’est pourquoi, au seuil de la nouvelle année, période souvent propice à des élans pour se faire du bien, Le Gang des Créateurs d’Émotions Positives a eu envie de vous inviter à ressentir consciemment, et cultiver 10 émotions positives, proposées par Barbara Fredrickson pour un plus grand bien-être.
- La joie : savons-nous prendre conscience et lister ce qui nous met en joie ? En cette fin d’année, c’est un excellent exercice ! Faire une liste des choses qui nous ont procuré de la joie au cours de l’année. Car le fait d’énumérer les choses, les événements, les rencontres, les personnes qui nous ont rendus joyeux nous remet dans l’état émotionnel de joie. Un très bon moyen pour entretenir cette émotion qui fait du bien !
- La gratitude : voilà un mot rarement employé. Nous sommes souvent prompts à attendre de la reconnaissance des autres. Et c’est bien naturel, cela fait partie des besoins humains. Mais savons-nous prendre conscience de la gratitude que nous pouvons ressentir face à un petit ou un grand geste qui nous est fait ? Envers la vie ? Envers un collègue bienveillant ? Ou un proche ?
- La sérénité : l’avez-vous déjà ressentie, par exemple en contemplant un beau paysage, au milieu de la campagne, à la montagne, ou sur une plage magnifique ? Un vrai sentiment de plénitude qui vous inonde. Si tel est le cas, alors vous savez comment réactiver-cultiver cette belle émotion qui va créer un effet d’apaisement. Et si vous avez besoin de la solliciter alors que vous êtes en plein centre-ville ou dans une foire-expo bruyante, il vous suffit de vous isoler quelques minutes pour vous replonger, en fermant les yeux, dans votre environnement favori pour en réactiver par la pensée et la visualisation, tous les ressentis sensoriels (parfums, vue, sons…)
- La curiosité : eh non ! Ce n’est pas du tout un vilain défaut ! Bien au contraire, curiosité et intérêt vont de pair, et sont bien utiles pour faire avancer nos apprentissages, maintenir notre attention et une forme d’excitation qui contribue à la joie. Parfois, cela demande un effort d’aller un peu plus loin, car si l’on est curieux de quelque chose et que l’on se pose des questions, il se peut que cela demande d’aller fouiller, prendre le temps et l’énergie pour chercher des réponses, pas seulement sur Google ! Mais… dans des livres ou des revues ! Oui, incroyable, un truc d’un autre temps les livres. Mais tellement utiles au développement du cerveau et de la pensée…
- L’espoir : souvent plus utile que le pessimisme, l’espoir peut donner force à une idée, nous permettre de passer à l’action et ainsi nous aider à réaliser un rêve. Sans espoir, peu de réalisations conscientes sont véritablement possibles.
- La fierté : ah oui ! Encore une émotion qui fait du bien ! Être fier d’avoir réalisé quelque chose, surtout quand on pensait ne pas pouvoir le faire. Demandez aux personnes qui ont participé à un Chœur Soul’idaire pour la 1ère fois ! Tous vous diront : « Je suis fier(e) de ce que nous avons fait ce soir ! Je n’aurais jamais pensé que je pouvais faire tout ce que nous avons fait, et produire un tel spectacle, alors que la plupart d’entre nous ne savent pas chanter ! Woaw ! »
- L’amusement : il provoque souvent le rire ou a minima le sourire ! Et tous leurs bienfaits ! Alors laissons-nous aller à nous amuser, et rions, rions à gorge déployée, chaque fois que nous le pouvons. Souvenons-nous que le rire est contagieux. Ainsi, nous laisser aller à rire en étant entouré, va sans doute permettre de « contaminer » toute une assemblée, et renforcer le bien-être de tous. Que du bonheur !
- L’inspiration : tellement bonne à ressentir ! Savez-vous exactement à quels moments vous vous sentez inspiré ? Et qui ou quoi réussit à vous inspirer ? Avez-vous déjà assisté à des conférences TED ou TEDx par exemple ? Un grand nombre d’entre elles sont disponibles sur YouTube et font un bien fou, pour nourrir l’inspiration, la curiosité, l’amusement, et l’espoir ! (Tiens, il me semble qu’on en a déjà parlé plus haut de tout cela…).
- L’admiration : à ne pas confondre avec un culte de la personnalité ! Quels sont les actes, les sentiments, que nous admirons ? Lesquels pourraient, justement, nous inspirer, nous aider à œuvrer ?
- L’amour : cette résonnance que l’on peut ressentir face à une personne, adulte, enfant, ou animal, quand on plonge dans ses yeux, ou dans une situation extraordinaire, ou encore sans raison particulière, simplement en se laissant envahir par cette onde, comme cela peut arriver parfois. Comme en période de fêtes de fin d’année, ce moment si particulier qui est à la fois une trêve dans l’agitation, un moment de bilans, de (re)connexion à nos proches, voire de recueillement. Le solstice et sa nuit la plus longue, qui précèdent le basculement vers la renaissance de la lumière, sont parfois concomitants à des prises de conscience et des décisions-résolutions. Dues à cette onde d’amour ? Pourquoi pas !
Les émotions positives ? C’est bon pour la santé !
Il faut savoir que les émotions sont apparues chez nos ancêtres avant même le langage articulé, et qu’elles constituent un puissant mode d’expression et de communication, et surtout un moyen de préparer l’organisme à réagir selon les
types de situations. Ainsi, toutes nous sont utiles, et bien que nous ayons plus de facilité à ressentir les émotions négatives, il y a un intérêt majeur à stimuler et cultiver nos émotions positives : joie, enthousiasme, optimisme, gaieté, satisfaction, pour ne citer que quelques exemples.
Toutes nos émotions se traduisent physiologiquement : activation de zones spécifiques du cerveau (différentes selon qu’il s’agisse d’une émotion positive ou négative), sécrétion de neurotransmetteurs et d’hormones, réactions corporelles.
Ces éléments physiologiques ont, à moyen et long terme, un impact sur notre santé qui peut être positif ou négatif.
Par exemple :
Les émotions négatives à long terme :
- Abaissent nos défenses immunitaires et à ce titre nous rendent plus vulnérables aux maladies, microbes, épidémies.
- Entretiennent des mécanismes d’inflammation
- Suractive la sécrétion de cortisol, l’hormone du stress.
Le but est de nous permettre de fuir ou de lutter. Mais sur le long terme, le cortisol et l’inflammation trop fréquente fatiguent et même épuisent le corps.
Ainsi, les émotions négatives, très utiles parfois à court terme (face à un danger immédiat) ont un effet destructeur à long terme. On sait aujourd’hui qu’elles nous rendent plus facilement sujets à différents types de maladies graves : cardio-vasculaires, asthme, diabète, et même certains cancers.
Mais depuis une vingtaine d’années, de nombreux travaux scientifiques révèlent aussi les effets bénéfiques des émotions positives sur la santé. Les constats sont unanimes quant aux bienfaits des émotions positives.
Les émotions positives
– Prolongent l’espérance de vie
– Renforcent nos défenses immunitaires
– Réduisent le stress
Les émotions positives à moyen et long terme :
- Renforcent notre capital santé et notre immunité : les neurotransmetteurs des émotions positives réduisent le stress, et donc le cortisol, la pression cardiaque, la tension artérielle, et entretiennent un état paisible
- Allongent l’espérance de vie (et réduisent la mortalité – Travaux de Judith T. Mosckowitz
- Réduisent les risques de dépression
- Développent la vitalité
Références de cet article : travaux de Martin Seligman (chercheur en psychologie et professeur à l’Université de Pennsylvanie), de Barbara L. Fredrickson (neuropsychologue université de Caroline du Nord) et DD Danner (Positive emotions in early life and longevity, in Journal of Personality and Soc. Psychol., vol. 80, p. 804, 2001.)
L’optimisme ?
L’émotion positive ?
Ça se cultive !
40% de notre tendance à l’optimisme, au bonheur et aux émotions positives sont liés à notre travail de développement personnel
10% dépendent de nos conditions de vie
Seuls 50% sont le résultat de nos prédispositions génétiques
L’optimisme et les émotions positives ont longtemps été envisagés comme la conséquence et non la cause du bien-être humain. Ce sont notamment les travaux de Barbara Fredrickson qui ont permis de démontrer qu’en réalité, c’est parce que l’on est optimiste que l’on peut influencer nos conditions et ressentis de bien-être, de même que la réussite de nos projets. Et lorsque l’on comprend, au prisme des travaux de Sonja Lyubomisky que l’on peut faire évoluer notre capital d’optimisme, un nouveau champ de possibilités s’ouvre à nous. Simple à comprendre, pas forcément facile à réaliser, c’est entendu.
J’entends déjà les pessimistes rétorquer « Je ne suis pas pessimiste, je suis réaliste ! ». Ce qui sous-entend que les optimistes seraient de doux rêveurs, vivant dans un monde imaginaire, déconnectés du réel.
En vérité, pessimisme et optimisme sont l’un comme l’autre ce que l’on appelle des « biais de perception ». Plus précisément : nous n’avons pas un accès direct au réel, mais notre cerveau s’en forge une/des représentations. Celles-ci se sculptent au travers des filtres de nos expériences, de notre éducation, de nos influences multiples, de nos émotions et d’une foule d’autres paramètres.
La psychologie positive, qui a émergé dans les années 60, s’intéresse scientifiquement aux mécanismes d’épanouissement et de bien-être des personnes, au développement d’une vision et d’un ressenti plus positifs de la vie.
Les travaux menés depuis les années 90 montrent que l’optimisme n’est ni naïveté, aveuglement ou angélisme béat. Face aux situations délicates, les optimistes sont conscients des difficultés rencontrées. Loin de se voiler la face, ils abordent les problèmes de façon constructive, sans fatalisme et sans mésestimer leur capacité à être acteurs d’un changement et d’une issue.
Ils sont davantage focalisés sur une recherche de solutions que sur un évitement ou une rumination du problème. La confiance en soi est véritablement un élément qui développe et entretient l’optimisme. Elle est donc une des pistes qu’il est important de travailler pour évoluer vers davantage d’optimisme.