La musique est une compétence universelle
De nombreux chercheurs pensent d’ailleurs que la musique a précédé le langage dans l’évolution hum aine. L’observation du cerveau montre d’ailleurs que dès les premières minutes d’écoute, qu’elle stimule les émotions. Les bébés quant à eux sont plus attentifs et réactifs à la voix chantée de leur maman qu’à la voix parlée1.
Les effets de la musique et du chant sont observables physiologiquement
L’écoute et la pratique, même occasionnelles, réduisent la pression artérielle, augmentent la dose de calcium transportée dans le cerveau ainsi que la sécrétion de dopamine (hormone de plaisir) et d’endorphines (hormone de bien-être). Par ailleurs, elles activent les circuits de la récompense (noyau accumbens).
Depuis plus de 10 ans, les neuroscientifiques s’intéressent de très près à l’influence et la puissance de la musique et du chant sur nos capacités cognitives en général et notamment sur ses effets sur la créativité.
Musique et chant, vecteurs de plasticité et de créativité du cerveau
- Un mécanisme spontané
La musique et le chant ont une action majeure car ils sont des vecteurs de plasticité cérébrale, base de l’apprentissage et de la créativité. La pratique et l’écoute activent et modifient simultanément de nombreuses zones du cerveau, synchronisent ces zones, et cette « collaboration cérébrale », qui modifie la plasticité cérébrale semble bénéficier à beaucoup d’autres compétences cognitives non musicales. Fonctionnent notamment en même temps : perception, motricité, intellect, sensorialité, émotion, mémoire, sécrétions hormonales).
Les travaux d’Emmanuel Bigand1 nous apportent des informations précieuses sur nos capacités naturelles de création musicale, par les attentes mélodiques que nous générons spontanément (et souvent inconsciemment) au cours d’un morceau. E. Bigand nous informe également sur la fonction adaptative de la musique, et nous dit que l’évolution musicale vers des styles nouveaux, que nous n’avons pas l’habitude d’entendre et que nous ne comprenons pas forcément, va « pousser notre cerveau à aller plus loin dans certaines fonctions pour comprendre cette musique inattendue ». Ainsi, le cerveau va s’adapter à terme, et cette stimulation adaptative, qui modifiera le cerveau de l’auditeur, va aussi l’amener à changer certains modes de pensée et faire évoluer ses capacités cognitives.
- Un mécanisme renforcé : la créativité des rappeurs
Un mécanisme de renforcement de la créativité est l’improvisation musicale. Ce sont des chercheurs américains qui ont choisi d’étudier la créativité et l’inventivité très développées de certains rappeurs, spécialistes de l’improvisation et du freestyle. Le principe du rap freestyle est une séance au cours de laquelle le chanteur improvise du texte dans l’instant. Rien n’est écrit, tout est produit sur le moment. Le cerveau de certains de ces rappeurs a donc été mis en observation par imagerie médicale pour essayer de comprendre en quoi l’improvisation renforce la capacité créative. Les éléments constatés leur ont permis de démontrer que durant la session d’improvisation, le cerveau « met en veille » les zones impliquées dans l’inhibition comportementale. Ainsi, l’auto censure mise de côté, le lâcher-prise, et l’audace nécessaires à la prise de risque peuvent laisser libre cours à une improvisation créative. Parallèlement, les noyaux amygdaliens (impliqués dans le système émotionnel) étaient actifs, ceci accréditant l’idée que certaines émotions favorisent la créativité.
La musique a souvent inspiré la science et la technologie et suscité des évolutions considérables. Les notations musicales ont notamment présidé à l’élaboration des coordonnées cartésiennes. Plus proche de nous, on peut citer les premières synthèses musicales par ordinateur et les premiers enregistrements musicaux numériques qui sont nés dans les laboratoires de Bell Téléphone, aux États Unis dans les années 60. On constate ainsi aujourd’hui combien ces recherches ont stimulé tout un secteur informatique, sans parler de l’énorme source de profits que cela a généré pour l’industrie musicale.
Nos propres (et modestes) travaux d’application nous permettent de confirmer régulièrement tout l’intérêt que représente le chant tous les individus. Mais également pour l’entreprise, ses managers et ses équipes, dans bien des domaines : la collaboration, le leadership, la motivation, la régulation du stress et, bien sûr, la créativité. Et, pour en finir avec cette phrase que nous entendons si souvent en préambule de nos actions (« je chante comme une casserole ») il faut indiquer que seul 5% de personnes souffrent d’une incapacité réelle à chanter juste. Ainsi, ce dysfonctionnement appelé « amusie » est infime. Ce qui compte, c’est de pouvoir apprendre et s’exercer, comme pour n’importe quelle compétence à acquérir. Les Créateurs d’Émotions Positives (CEPs) se sont fait une spécialité de faire pratiquer le chant même à des personnes qui ne savent pas du tout chanter. La beauté de cela ? C’est, entre autres, lorsque des personnes s’aperçoivent que, guidées même sur un temps court, elles peuvent très vite arriver à chanter, ressentir du plaisir, et même être sur scène pour entourer les artistes professionnels.
1 Emmanuel Bigand : Professeur de sciences cognitives à l’université de Bourgogne, auteur de nombreux travaux sur l’action de la musique sur le cerveau.
Musique et chant
– Renforcent la plasticité du cerveau
– Développent la créativité
– Réduit physiologiquement le stress
– Agit universellement sur tous les êtres humains