Le lien humain et social : une capacité ancestrale de notre cerveau

La cohésion et la coopération sont, depuis toujours, nos meilleurs « outils » de survie

Sans doute serez-vous d’accord pour reconnaître que depuis plusieurs années, la cohésion sociale laisse place au rejet de l’autre et au repli sur soi dans nos sociétés « modernes ». Mais au-delà de la morale, savez-vous pourquoi il est primordial de recréer et maintenir le lien humain ?

Une des raisons qui mérite d’être rappelée réside dans notre histoire ancestrale : en effet, c’est bien la coopération qui a permis à l’être humain de survivre et d’assurer son existence sur la planète au fil des millénaires. Car ce ne sont pas les humains les plus forts qui ont le plus transmis leurs gènes et perpétué l’espèce, mais ce sont les plus sociables, capables de collaborer, de nouer des liens affectifs et de solidarité.

Espèce la plus sociale de sa catégorie, l’être humain est naturellement, biologiquement, doté de tout un équipement neuronal permettant l’empathie, base de la coopération et de la reconnaissance. C’est avec cet équipement que (très schématiquement) l’humain a « choisi » de se regrouper pour chasser, habiter, se protéger.

Les modes culturels, économiques, scolaires, éducatifs, les évolutions techniques (etc.) semblent aujourd’hui souvent affaiblir la conscience de notre capacité d’hyper socialisation. En apparence en tous cas. Néanmoins, il suffit qu’une catastrophe touchant un collectif humain survienne (inondation, tempête, éboulement, accident de grande envergure, …) pour voir de grands mouvements de solidarité et d’empathie se déclencher spontanément, ou qu’un attentat soit perpétré pour constater et expérimenter le besoin humain puis citoyen de se rassembler, de se recueillir « ensemble », de réactiver des codes de reconnaissance communs (porter secours, contribuer à des collectes de fonds, de vêtements ou autres, se rassembler sur des places, chanter l’hymne national, inventer de nouveaux slogans tels que « je suis Charlie », etc.).

D’instinct, en cas d’événements majeurs mettant en danger la survie collective, nous redécouvrons le besoin de lien humain. Et dans ces situations et ces moments-là, statuts sociaux, différences idéologiques, culturelles, professionnelles, ou même cultuelles cessent, pour un temps, d’être un critère de différenciation, un objet de clivage, de séparation ou d’exclusion. Nous éprouvons et exprimons alors le besoin de nous recentrer sur notre base-racine commune, comme source de rassemblement et de ressourcement : notre appartenance à l’espèce humaine. La tribu humaine est la première tribu à laquelle nous appartenons. Et cela quelle que soit notre capacité à prendre en compte cet élément consciemment. Même si certains voudraient aujourd’hui nous faire oublier cette donnée factuelle et biologique. Que cela nous dérange ou non, nous partageons tous, par essence, des caractéristiques humaines cérébrales communes qui nous relient, en amont même de tout autre attribut, tout autre appartenance et toutes croyances. Et c’est souvent en contexte extrême (guerre, catastrophe, camps de concentration…) que nous en retrouvons le sens, l’importance et le recours.

Mais en dehors des catastrophes épisodiques, au quotidien, le lien humain, alors même qu’il nous est naturel, demande à être entretenu et stimulé.

L’empathie : à la base du lien social

L’empathie est une qualité dont nous disposons tous, naturellement. Elle commence à s’exprimer vers l’âge de 18 mois.

Les neurones miroirs, également appelés « neurones de l’empathie », sont la base biologique de cette empathie, de la coopération et du lien humain.

Si cette capacité collaborative est ancrée dans notre génome (d’autres espèces animales ont également une capacité d’empathie), et qu’elle se manifeste dès la toute petite enfance, elle demande néanmoins à être développée, stimulée. Par l’éducation familiale, sociale et les encouragements à se manifester. Notre culture actuelle, ou le système scolaire sont-ils conçus dans ce sens ? Pas sûr. Globalement l’on peut penser que oui (bien qu’il y ait autant de types d’éducation que de familles) mais les contextes de crises durables, le climat social anxiogène entretenu, l’usage abusif des écrans et réseaux dits « sociaux » mettent à mal le lien commun.

Ces éléments activent souvent deux pôles de réponses, l’un faisant plus de bruit que l’autre : empathie concentrique envers certaines personnes ou groupes d’un côté, clivages et replis communautaires ou individualistes pour d’autres. Les tentations de repli et de rejet s’expriment en général plus bruyamment. Quant au système scolaire : les notations sont pratiquement toujours individuelles, et la valorisation de la réussite individuelle semble plus importante que la valorisation de la réussite de groupe, etc.

Ainsi, au quotidien, il semble que nous ayons quelques difficultés à maintenir dans nos sociétés « modernes » la cohésion, la solidarité, la bienveillance vis-à-vis des autres. Parce que cohabitent en chacun de nous, la protection et l’intérêt individuels, eux aussi instinctifs, plus immédiats, aux côtés de la propension au collectif et au besoin des autres. L’arbitrage, dans le cerveau humain, se fait entre la recherche d’un avantage immédiat du quotidien ou de court terme (ma condition individuelle : réussite, gain, intérêt, protection…) et la possibilité d’un avantage à plus long terme, souvent lié à un effort de coopération avec le collectif, et parfois perçu comme une prise de risque. Et même si cet avantage lié à une vision collective est souvent supérieur à terme, il n’est pas toujours imaginé / projeté comme tel, ou semble trop lointain et trop incertain.

L’autre est donc à la fois la ressource, et le danger parfois. Philosophiquement, globalement, moralement, puis dans l’expérience d’une crise majeure, immédiate et de courte ou moyenne durée, l’autre est la ressource collective. Mais au quotidien, « l’autre » (mon voisin, mon collègue de bureau, celui qui n’a pas la même préférence sexuelle, la même origine sociale, ou culturelle, celui qui pratique un art inattendu, qui pense différemment, bref, le « différent de moi », le « bizarre ») peut être perçu comme un danger.

Alors, s’il n’y a pas d’effort de prise de recul et de connaissance, d’introduction de nuance de pensée et de complexité, l’on demeure sur un réflexe d’autoprotection, de repli sur soi et de différentes formes d’exclusion de l’autre. Sans effort de réflexion, d’ouverture et d’auto-questionnement, l’on demeure sur un processus de réaction, rapide et binaire (j’intègre ou je rejette l’autre). Si, de plus, on repère une « tribu » qui semble avoir les mêmes types de réactions immédiates de rejet, on peut alors se sentir légitime et laisser libre court à cette non-pensée qui est en fait l’expression des émotions de peur et de colère.

La bonne nouvelle, car il y en a une, c’est que, si les moments de crise et de danger collectif favorisent et déclenchent notre propension à nous rassembler, ils ne sont pas les seuls leviers du collectif et du rassemblement humain. Les expériences positives, les projets constructifs, les causes humanistes fédèrent eux aussi les énergies et stimulent les liens sociaux. Combien d’associations, de fondations, de groupes et autres collectifs œuvrent régulièrement, durablement, souvent dans l’ombre, pour des causes nobles. Nombre de projets, d’innovations sociales et d’actions sociétales enrichissent notre quotidien, sans être jamais cités dans les grands médias.  Et toutes ces actions et ces projets reposent sur des humains, des bonnes volontés, expression qui a donné « bénévolat ». Des gens qui investissent tour à tour ou à la fois du temps, de l’énergie, de l’enthousiasme, de la conviction, de la compétence et de l’argent.


Notre survie a été assurée, dans l’histoire de l’Homme, par notre capacité à nous fédérer, à nouer des liens et des solidarités. Notre avenir commun dépend toujours de cette capacité que nous devons entretenir, sous peine de grandes souffrances humaines, de désordres et de mise en danger de nos démocraties.

Mais cette capacité ne s’arrête pas à l’être humain. Nous devons réapprendre à collaborer au sein de notre propre espèce, certes, mais également avec les autres espèces et l’ensemble du vivant de la planète.

Vœux pieux ? Ou bien une question de temps ?

Un temps précieux il est vrai, car notre capacité à détruire (et à nous détruire) est colossale. Mais des prises de consciences s’opèrent et des actions se structurent un peu partout dans le monde, tant au niveau micro social qu’au niveau macro social. Il suffit de s’intéresser à toutes ces initiatives qui fleurissent pour le constater, et ne pas se contenter (surtout pas) des chaînes d’infos et des réseaux sociaux.

Pour conclure (provisoirement bien sûr !) rappelons simplement la célèbre phrase de Martin Luther King, un leitmotiv chez Les Créateurs d’Émotions Positives qui a même donné lieu à l’écriture d’une de nos chansons  :

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. »

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