Violences faites aux femmes : que peut faire l’entreprise ?
Les violences faites aux femmes, qu’elles se déroulent dans le cercle familial ou sur le lieu de travail, ont un impact important sur le quotidien professionnel. Les entreprises se sentent parfois démunies face à ce phénomène. Il existe pourtant des possibilités d’agir.
Violences conjugales : des conséquences sur la vie professionnelle
Par définition, les violences intra-familiales se déroulent dans la sphère privée. Encore trop souvent tabou, l’impact des violences conjugales sur la vie professionnelle est réel et sérieux.
En effet, selon les chiffres 2023 du ministère de l’Intérieur et de la Fondation des Femmes, sur 373 000 femmes victimes de violences conjugales, 1 sur 6 est en âge de travailler. Il y a donc potentiellement, dans les entreprises, des femmes victimes, et des auteurs.
Voici quelques exemples des effets des violences conjugales dans le monde du travail :
- Retards, absentéisme et arrêts de travail entrainant des rotations de personnel plus fréquentes
- Perte de productivité (difficultés majeures de concentration, par exemple)
- Impact notable sur la santé physique et mentale des personnes concernées atteintes
- Harcèlement du conjoint violent sur le lieu de travail
- Débordements possibles sur les collègues pouvant être directement ou indirectement menacés
- Risque de diffusion de données ou photos intimes de la personne qui subit les violences
- Effets délétères sur la cohésion
- Entrave à l’évolution de carrière des victimes
Selon du ministère de la Cohésion Sociale, en 2012, le coût économique de ce fléau était déjà estimé à plus de 3,6 milliards d’euros annuels.
Les entreprises peuvent agir
Face aux trop nombreuses victimes silencieuses et à ce chiffre, il est temps que les organisations s’emparent de cette question. Il est avancé, parfois, que si elles n’interviennent pas, c’est parce que les violences domestiques ont justement lieu dans la sphère privée.
En réalité, bien souvent, elles ignorent qu’elles peuvent protéger les salariés-es concernés-es. L’important étant pour ces organisations, dans un premier temps, de s’assurer d’une meilleure connaissance :
- Du périmètre juridique permettant à une entreprise d’agir
- Des formations existant sur le sujet et permettant de repérer des signes et de pouvoir réagir
- Du type de mesures existant déjà dans certaines structures, et pouvant être mises en place pour la protection des victimes.
Ces éléments sont les premiers pas pour se donner les moyens d’aider et de protéger celles et ceux qui en ont besoin.
Il est à noter ce titre que la Convention de l’Organisation Internationale du Travail – 2019 inclut une recommandation traitant de l’impact de la violence intra familiale sur le monde du travail. Ainsi les employeurs sont encouragés à mettre en œuvre « des mesures appropriées pour reconnaître les effets de la violence domestique et, dans la mesure où cela est raisonnable et pratiquement réalisable, atténuer son impact dans le monde du travail » (Conv. nº 190, art. 10.f). Cette recommandation permet d’aider l’entreprise à l’action. Elle liste un certain nombre de mesures assez simples pouvant être mise en œuvre au sein des entreprises (aménagement des horaires, avance sur salaire, coffre-fort numérique pour les documents administratifs…)
Le médecin du travail peut également jouer un rôle important et très utile :
- Recueil de la parole
- Orientation vers des structures d’aide et / ou vers l’assistant social
- Examen médical spécifique
En France, de grandes entreprises se sont déjà engagées dans l’accompagnement de leurs salariés-es victimes de violences conjugales. L’on peut citer Orange, le Groupe de coopératives U, EDF.
Les violences sexistes et sexuelles au travail mieux prises en charge ?
Lorsqu’elles sont exprimées sur le lieu de travail, les violences sexistes et sexuelles sont théoriquement mieux prises en charge, dans la mesure où il y a une obligation légale pour l’employeur de protéger ses salarié-es.
Et de fait, dans les grandes et les moyennes structures, une ou plusieurs personnes peuvent généralement être saisies : un référent harcèlement, un responsable de la qualité de vie au travail, un psychologue du travail.
Dans les petites entreprises, la prise en charge s’avère souvent moins évidente. Les référents internes existent rarement. Mais des problèmes surgissent, il convient de s’adresser à des instances et accompagnants externes : médecine du travail, assistant-e social, associations d’aide aux victimes, juristes.
La volonté d’accompagner est là, les moyens peuvent exister, pour autant, le sujet n’est pas toujours facile à traiter. Ou commence la « violence » sexiste ? La petite blague sans mauvaise intention, lancée autour de la machine à café, est souvent minimisée : « Oh ça va ! J’ai juste fait une blague ! Je lui ai pas mis la main aux fesses quand même ! ».
C’est là un processus d’échelle : celui qui plaisante se défend en minimisant son propos par comparaison à un comportement plus grave. Celui qui a eu un geste déplacé, le minimise en le comparant à un acte encore plus grave (oh ça va ! Je l’ai pas violée quand même !). Et ainsi de suite.
Avant tout autre chose, c’est donc la conscience qui doit évoluer. Un processus toujours assez long, qui passe par l’éducation, en plus de la loi, et aussi par des outils, dont certains existent déjà : le préventomètre par exemple.
Très investis dans la cause des femmes, Les Créateurs d’Émotions Positives ont créé spectacle et sketchs destinés à favoriser les prises et évolutions de conscience :
– Le spectacle pédagogique « Tout à coup, ça m’a frappée ! » – Théâtre musical
– « Moi ? Sexiste ? Alors on ne peut plus rien dire ! » – Sketch sur le sexisme au travail avec lien hiérarchique
– « Café sans filtre » – Série de saynètes autour de la machine à café au travail
Un événement pour aller plus loin
Parce que les Créateurs d’Emotions Positives sont acteurs de ces prises de conscience, nous souhaitons aider à ce que beaucoup d’autres organisations nous emboîtent le pas, prennent conscience du sujet et l’incluent dans leur politique RSE.
Afin de faciliter ce pas, l’association Les Créateurs d’Émotions Positives organisent le 25 novembre 2025, à Montpellier, de 16h à 19h15 un événement sur le thème :
« Violences faites aux femmes : que peut faire l’entreprise ?«
Le spectacle « Tout à coup, ça m’a frappée ! »
Puis 2 tables rondes avec des professionnels du monde du travail :
Table ronde 1 – Violences conjugales : comment les entreprises peuvent-elles accompagner les victimes ?
Table ronde 2 – Violences sexistes et sexuelles : prévention et action
ATTENTION : BILLETTERIE EN LIGNE UNIQUEMENT, accessible ici :
Cet événement est rendu possible grâce au soutien de nos partenaires, les sociétés VEOLIA et IBM, ainsi que la Fondation FACE Hérault, l’association Femmes du MEDEF et le MEDEF Montpellier.
