Santé mentale : la musique est un outil puissant !

Souvent cantonnée à une activité de loisir, l’écoute et surtout la pratique de la musique et du chant sont beaucoup plus déterminantes qu’on l’imagine pour notre équilibre.
Depuis 25 ans, toutes les études neuroscientifiques convergent pour en démontrer les effets positifs de la musique sur la santé physique et mentale. Et, grâce aux réseaux neuronaux qu’elle active, elle est une aide importante pour le langage, l’apprentissage des langues, l’entretien de la mémoire, l’apaisement de la douleur, la créativité.
Santé mentale : soigner l’anxiété et la dépression avec de la musique
A l’heure où la santé mentale est un sujet de préoccupation (rappelons que c’est la grande cause nationale de 2025) et où celle des jeunes semble particulièrement préoccupante, il est intéressant de se pencher sur les bienfaits de la musique.
Il est important de souligner que la musique est universelle et nous accompagne depuis au moins 140.000 ans. Depuis ces temps immémoriaux, l’on connaissait de manière expériencielle le pouvoir de la musique qui ne se réduit pas au fait de passer un bon moment, loin s’en faut.
En effet, en stimulant et exprimant nos émotions, elle est d’abord un puissant langage, et par conséquence, un outil de soin et de régulation des émotions.
S’il est bien connu que l’on « a tous en nous quelque chose de Tennessee », on a sans doute tous des chansons que l’on aime écouter (chanter ?) selon les moments que l’on vit. Empiriquement, on expérimente les « chansons qui nous font du bien », qui nous « donnent la pêche » ou qui nous attendrissent. C’est une manière d’influencer, d’orienter nos émotions. Et d’ailleurs, tout cela se traduit par des modifications physiologiques et dans la chimie de notre cerveau.
Vous êtes plutôt « Hard Rock » ? Ou musique douce ?
Lorsque l’on entend une musique, plusieurs zones cérébrales sont automatiquement activées chez tous les humains. Plusieurs effets psychologiques et physiologiques sont générés, pouvant ainsi améliorer considérablement notre état physique et mental.
Par exemple, à l’écoute d’une musique énergique, de l’adrénaline est sécrétée, la respiration et le rythme cardiaque s’accélèrent. Ainsi, écouter par exemple du heavy metal va inévitablement augmenter l’excitation.
A l’inverse, les musiques plus tranquilles, plus douces, font baisser la fréquence cardiaque et respiratoire et SURTOUT diminuent, dans le sang, la concentration de cortisol, hormone du stress (cf. travaux d’Emmanuel Bigand, chercheur en neurosciences à l’Université de Bourgogne).
Apaisantes, elles agissent à la fois comme un anti-douleur et un anxiolytique naturels. Les douleurs physiques sont alors moins perceptibles, et les angoisses sont allégées. A tel point que l’on a d’ailleurs parfois recours à la musique pour apaiser des patients avant une intervention chirurgicale.
Les « hormones du bonheur »
Par ailleurs, écouter et, plus encore, pratiquer une activité musicale modifie la chimie du cerveau, en activant des sécrétions hormonales bénéfiques à notre état mental et nos humeurs :
- La dopamine : hormone du plaisir, de la motricité
- Endorphine : hormone anxiolytique et anti-douleur
- Sérotonine : hormone de régulation de l’humeur
En 2015, la Queen’s University de Belfast a mené un programme spécifique avec des enfants de 8 à 16 ans souffrant de troubles comportementaux et sociaux, et atteint de dépression pour une partie d’entre eux. Tous étaient sous traitement à base d’anti dépresseurs. Mais la moitié seulement suivaient, en plus, un programme de musico thérapie sur une période de 3 mois. A la fin de la période, les chercheurs ont pu constater, pour les enfants ayant suivi le programme :
- Une meilleure estime de soi
- Une diminution importante de l’état d’anxiété et des symptômes dépressifs
- Une amélioration notable de l’humeur, de la capacité sociale et à communiquer
Généraliser le recours à la musique au service de la santé mentale
Plus récemment, Robert Zatorre neuroscientifique (Université Mc Gill de Montréal) a démontré, au travers d’une enquête dans plusieurs pays, que la musique avait été l’activité la plus salvatrice de l’équilibre mental et le réconfort durant le confinement de 2020 pour une très grande partie des populations, de tous les âges.
Une étude menée par le Centre National de la Musique nous apprend que pour 90% des jeunes de moins de 25 ans, la musique tient une place importante dans leur vie, tant par le temps d’écoute que par l’attachement qu’ils ont à leurs musiques de prédilection. S’appuyant sur cette connaissance, certaines MDA (Maison Des Adolescents) en France ont d’ailleurs recours à des programmes musicaux avec de bons résultats dans le traitement (complémentaire des soins médicaux) des troubles du comportement social, de la dépression et de l’anxiété.
La musique est si puissante dans ses effets qu’elle est également utilisée dans les traitements contre les addictions. Ce qui se comprend aisément dans la mesure où elle active les sécrétions de dopamine, qu’elle aide à renforcer la confiance et l’estime de soi ainsi que le social. Autant d’éléments qui sont généralement en déficit chez les personnes souffrant d’addiction.
Aujourd’hui, toutes les études, enquêtes, expériences pratiques nous donnent un recul et des connaissances largement suffisants pour affirmer la puissance de l’aide apportée par la musique sur la santé mentale en général et sur celle des jeunes notamment.
La santé mentale est une grande cause nationale, nous avons des outils reconnus, naturels, non invasifs. Ne serait-il pas temps d’investir massivement dans des programmes de pratiques musicales ? Avant même la thérapie, la prévention par la pratique musicale généralisée serait moins coûteuse et tellement efficace pour les individus, les groupes, et pour (re) faire société en cette période trouble.